
Le Syndicat de la presse pas pareille (SPPP) dont une part importante des médias membres bénéficie du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité (FSMISP) a souhaité en 2025 être associé aux commissions régionales d’attribution qui rendent des avis consultatifs aux préfets de région qui prennent en dernier ressort les décisions de versement des aides financières à la presse de proximité.
Suivant les recommandations de Monsieur Mathieu Nicolas, chargé de mission au FSMISP de 2022 à 2023, puis responsable des Fonds d’aide à l’innovation dans la presse (depuis 2023) au ministère de la Culture, le SPPP a sollicité les DRAC de chaque région pour cela. Le Syndicat souhaite pouvoir y apporter son expertise et sa connaissance des médias locaux et s’assurer de la transparence dans l’attribution de ces subventions. Malheureusement il n’a reçu aucune réponse positive. Les refus ou les réponses dilatoires qui lui ont été apportées ne lui ont donc pas permis d’être consulté sur les aides attribuées en 2025.
Le SPPP le regrette1 et s’en inquiète d’autant plus que deux de ses membres ont vu leurs demandes d’aides refusées ces deux dernières années. Or, ces deux médias avaient déjà fait l’objet en 2022 et 2023 de tentatives d’exclusion de cette aide2. Ces deux années, le ministère de la Culture avait été fortement incité par les services de l’Intérieur à ne pas financer ces médias, mais avait néanmoins octroyé l’aide demandée, même si ce fut in extremis en 2023, avec une « décision modificative » prise dans l’urgence et rédigée à leur unique destination3.
Or, en 2024, l’un de ces médias, La Trousse corrézienne, se voyait opposer un refus « au regard de la fragilité du modèle de diversification des ressources et [de] l’impossibilité de développer un modèle économique soutenable dans la durée. » Et cette année, c’est au tour d’IPNS, journal d’information et de débat du plateau de Millevaches, de se voir refuser cette aide, pour les mêmes raisons : équilibre économique précaire (on lui reproche « un budget tout juste à l’équilibre »…) et absence de plan de développement du média (plan présenté dans la demande de l’année précédente, mais qu’alors le Fonds n’avait pas souhaité accompagner…). Or ces critères n’apparaissent pas dans le cahier des charges 2025 auquel se réfère l’administration. En effet seuls trois critères, auxquels ces médias répondaient parfaitement, apparaissent dans ce cahier des charges : le traitement éditorial de l’information ; la production d’une information de proximité, sociale et citoyenne et l’insertion dans un territoire.
Curieusement ces deux médias faisaient partie des associations qui ont été pointées par les services de l’État comme ne devant plus être soutenues. Cette ostracisation apparue dès le début des années 2020 s’est renforcée dans les années suivantes comme l’ont documenté, parmi d’autres, Le Monde ou Médiapart4. De là à imaginer qu’après l’échec d’un rejet en bloc en 2023, ces refus à l’unité (un média en 2024, un autre en 2025), ne constituent rien d’autre qu’un changement de stratégie de la part de l’État, il n’y a qu’un pas qu’un faisceau d’indices invite à franchir.
Une hypothèse qu’on ne peut s’empêcher d’associer à l’annonce, ce jour, d’une baisse historique de 44 % (par rapport à 2024) du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) destiné aux radios associatives locales. Une baisse qui menace directement l’existence de plus de 770 radios libres. L’an dernier une première tentative du même genre avait été engagée, sur laquelle le Gouvernement était revenu à la suite de la mobilisation des radios associatives. Mais là encore il attaque de nouveau cette année, persévérant dans sa volonté de couper les financements des médias libres et indépendants !
Aussi, plus encore aujourd’hui, la présence d’un syndicat comme le SPPP au sein des commissions d’attribution du FSMISP permettrait en toute transparence de répondre à ces interrogations. Et puisque les décisions ont été prises « en-dehors de toute implication préfectorale » selon l’administration, il serait plus clair d’ouvrir les instances où des avis sont formulés. Ainsi serait levée toute ambiguïté quant aux modalités de prise de décision en matière d’aide aux médias d’information sociale de proximité.
| Le SPPP demande aux différentes DRAC de répondre à sa demande et de l’associer dès 2026 dans les commissions consultatives du FSMISP |
Par ailleurs, le SPPP s’associe à la mobilisation nationale des radios associatives appelée par Les Locales et portée par la CNRA et le SNRL5.
Il dénonce ces coupes sombres et la main mise des préfets sur l’attribution de certaines subventions, comme le documente Mediapart dans un article paru le 15 octobre 20256.
Pour le Syndicat de la Presse Pas Pareille,
Michel Lulek – Administrateur – 06 66 59 34 69
1 – https://www.syndicatdelapressepaspareille.org/actualite/le-sppp-denonce-un-manque-de-transparence-dans-lattribution-du-fsmisp/
2 – Voir le film de Télé Millevaches, « Des associations qui se tiennent sages » : https://www.youtube.com/watch?v=ud-w0vEyX64
3 – https://www.journal-ipns.org/les-numeros/n86-mars-2024/des-associations-toujours-sous-la-menace
4 – Ostracisation qu’a rendue publique Le Monde (« Sur le plateau de Millevaches, une « liste rouge » d’associations privées de subventions », 9 août 2023) et que le site Médiapart remettait en lumière en 2024 (« « On nous a fait savoir que nous étions trop militants » : la mise au pas politique des associations en Nouvelle-Aquitaine », 10 décembre 2024).
5 – https://leslocales.fr/index.php/2025/10/15/plf-2026-un-cataclysme-budgetaire-menace-les-radios-associatives-francaises/
6 – Médiapart, 15 octobre 2025 : « Comment les préfectures censurent en amont les demandes de subventions associatives ».




